Par auteur > Uhl Magali

Re-photographier pour singulariser. Mise en récit visuelle de la gentrification urbaine et de l'effacement mémoriel à partir du cas du Campus Emily Carr (Vancouver, BC)
Magali Uhl  1, *@  
1 : Centre et laboratoires de recherches cultures, arts, sociétés  (CELAT-UQAM)  -  Site web
279, Rue Sainte-Catherine Est Montreal, QC H2X1L5 -  Canada
* : Auteur correspondant

L'Université d'art et de design Emily Carr a été inaugurée en automne 2017 dans le quartier de False Creek Flats à Vancouver (BC). Elle s'inscrit dans le contexte plus large de la vague des nouveaux « campus urbains intégrés » qui fleurissent dans les métropoles contemporaines (Mattei et Aust (dir.) 2015). Audacieux architecturalement, écologiquement responsable, abritant des formes de savoir toujours plus innovantes (high-tech, jumelage des arts, des sciences et de l'ingénierie) et soulevant des enjeux en phase avec l'époque (ville créative, économie du savoir, maillage universités et entreprises), ces campus sont généralement présentés comme des acteurs incontournables du développement local et de son vivre-ensemble (Ingallina (dir.) 2012). Or, ces derniers sont aussi des objets carrefours qui, tout en offrant aux chercheur.es une nouvelle matrice pour penser le développement des villes (accélération des transformations du bâti, gentrification des quartiers, modèle de la smart city), suscitent aussi des controverses (notamment sur l'exclusion des catégories sociales les plus fragilisées et sur l'effacement de l'histoire et de la mémoire locales). Ils mettent ainsi en évidence des enjeux sociologiques précis que cette communication se propose de présenter à partir d'un travail de re-photographie narrative des lieux (Klett, 2011).

Pour analyser ces enjeux sociaux, spatiaux et mémoriels, je mettrai en œuvre* un dispositif de montage heuristique et réflexif qui visera à déplier les lieux, puis à les recomposer virtuellement et temporellement. J'associerai, dans ces montages, deux sources visuelles : la photographie in situ et les représentations issues des archives de la ville de Vancouver. Je partirai donc du paysage urbain photographié et, par l'insertion d'images d'archives d'entités humaines et non-humaines (personnes, animaux, objets, végétaux, bâtiments), je tenterai de singulariser ces lieux en misant sur le potentiel génératif du montage (Warburg, 2012). Comment, en effet, un cas – ici l'implantation d'un campus – peut-il dépasser la simple illustration d'un discours général sur la ville actuelle ? De quelles manières la mise en récit re-photographique singulière proposée peut-elle contribuer à décaler et à enrichir le regard sur la gentrification et la mémoire urbaines ?


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